78% des Français, salariés, consommateurs ou clients, attendent désormais que les entreprises contribuent au bien-être collectif et développent des pratiques plus sociales et environnementales (Opinionway 2020). Cette tendance est devenue de plus en plus persistante depuis la crise sanitaire et économique qui fait rage ces dernières années.

Les Français jugent que cette contribution au bien-être collectif produirait des effets sur la motivation et la fidélisation de leurs salariés, sur l’image auprès des clients et des consommateurs.

Vu de cette optique, il est clair que repenser le modèle d’organisation est nécessaire. Les dirigeants ont pris conscience que le taylorisme et la hiérarchisation commencent à perdre pied. L’époque du modèle d’organisations traditionnelles est résolue. Ils ont bien compris qu’une des clés pour maintenir une bonne performance est de rester en cohésion avec les évolutions de la société.

Face à la recrudescence de la situation actuelle et à la dépopularisation du taylorisme dans les entreprises, de plus en plus de dirigeants se tournent vers un modèle moins top down en favorisant l’autonomisation -voire l’autonomie- des salariés. Ce qui nous conduit vers l’entreprise libérée.

« L’avantage compétitif ultime réside dans la capacité d’une organisation à apprendre et à transformer rapidement ce qu’elle a appris en action» – Jack Welch

Entreprise libérée, quel concept ?

Une philosophie qui vise à transformer l’organisation d’une entreprise en profondeur, l’entreprise libérée est un mode de management théorisé par Isaac Getz dans son livre “Liberté et Cie”. Son principe est simple : donner aux salariés la liberté d’exercer leur plein potentiel et initiative afin de booster les performances de l’entreprise. 

Au sein des entreprises libérées, les hiérarchies sont réduites. Au lieu de commander et de diriger le projet, les fonctions des managers sont repensées. Ils deviennent plus comme un filtre protecteur permettant aux opérationnels d’accomplir leur missions dans les conditions les plus favorables possible. Ils incitent les membres de leurs équipes à prendre des initiatives tout en leur laissant la liberté de les mettre en œuvre. Les équipes sont ainsi autonomes et auto-responsables, car l’autonomie est placée au cœur de système managérial.

La libération de l’entreprise séduit en mettant l’humain au centre du fonctionnement de  l’organisation. Cette mise en avant de la dimension humaine permet de créer et de renforcer la confiance au sein de l’entreprise. Les salariés et le dirigeant prennent ensemble toutes les décisions. Chaque collaborateur est mis en valeur. Et étant donné que les salariés sont beaucoup présents sur le terrain, leurs avis et décisions sont légitimés. 

Qui mieux que ceux qui œuvrent au quotidien pour le bon fonctionnement de l’entreprise pour prendre les meilleures décisions ?

« Une vision qui ne s’accompagne pas d’actions n’est qu’un rêve. Une action qui ne découle pas d’une vision, c’est du temps perdu.  Une vision suivie d’action peut changer le monde» – Nelson Mandela

GORE, la première entreprise libérée

En 1958, le chimiste Bill Gore et sa femme Geneviève ont mis en place ce que l’on peut considérer comme la ‘première’ entreprise libérée. Le déclic ? La « mauvaise » expérience en tant que chimiste à Dupont de Nemours. 

Lassé des processus harassants de contrôle de l’entreprise traditionnelle, Bill Gore a décidé de travailler sur un nouveau modèle audacieux d’organisation centré sur les talents des salariés qui, selon lui, étaient trop souvent écrasés par la hiérarchie. Pour mettre en place ce nouveau modèle d’organisation, il s’est un peu inspiré du livre de Douglas McGregor, sorti en 1960 intitulé : « La dimension humaine de l’entreprise ».

Dans ce nouveau modèle d’organisation, Bill Gore mise tout sur le capital humain. Il prône l’équité comme valeur commune : être justes les uns envers les autres et nos partenaires.

Il décide de considérer chaque salarié comme étant un associé, et à ce titre, perçoit une part du bénéfice global. Libre communication interne et responsabilité partagée, prise de décisions collégiale pour plus de réactivité, focus sur les moyens de développer les connaissances, les compétences et les responsabilités des collaborateurs.

Son objectif est simple : susciter un sentiment d’appartenance et d’engagement.

En 2021, Gore a été reconnue l’un des meilleurs lieux de travail pour les Millenials par le magazine Fortune et sélectionnée en tant que 2ème meilleur lieu de travail pour les innovateurs de Fast Company. Plus de 50 millions de dispositifs médicaux innovants de Gore ont été implantés pour une meilleure qualité de vie. Elle possède actuellement des bureaux dans plus de 25 pays et des sites de production aux États-Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Chine et au Japon employant 9 000 personnes libres d’échanger. 

« L’avantage compétitif ultime réside dans la capacité d’une organisation à apprendre et à transformer rapidement ce qu’elle a appris en action » – Jack Welch

Aujourd’hui, une grande partie des entreprises libérées sont des PME, et ayant majoritairement des dirigeants présents dans la durée à leur poste. Parmi ces entreprises qui ont fait le choix de se tourner vers le concept de l’entreprise libérée et qui ont réussi le pari, on peut distinguer : 

  • Haute Savoie Habitat, dirigé par Pierre-Yves Antras qui a mis en place le CAP Confiance pour structurer des relations de confiance sur la totalité des parties prenantes et maintenir le bonheur au travail. Il a favorisé la Responsabilisation des salariés à tous les niveaux (accueil, équipes) et leur participation au recrutement.
  • Acorus, dirigé par Philippe Benquet. Grâce à la proposition de ses tops et middle managers, il a supprimé les tâches « parasites » et a permis à chacun de mettre en avant ses compétences. Il a également sollicité le libre-arbitre de chacun pour l’organisation de sa journée de travail et a optimisé la réalisation des fiches de travail journalières. Acorus a obtenu le trophée « Entreprise » de l’innovation managériale pour la mise en place d’une démarche lean innovante.
  • Buurtzorg. L’organisation est basée sur les liens humains de qualité et sur une adéquation parfaite des professionnels avec l’écosystème des clients -patients-. L’organisation est transverse avec une information au même niveau pour tous. La prise de décision est faite par consensus, chacun fait ce qu’il y a à faire pour le patient et on  utilise le bon sens en priorité.

L’entreprise libérée a fait “rêver” les organisations et beaucoup se sont laissés séduire par l’idée. Cette libération représente une transformation profonde et pour la mener à bien, l’utilisation des bons outils est nécessaire. Dans notre prochain ouvrage, nous vous apportons les approches d’entreprise alignée équilibrant l’entreprise libérée accessible au plus grand nombre, ainsi qu’un guide pratique pour libérer les énergies.

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